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#13 Comment bien raconter des histoires ?

Cette semaine, je dois absolument vous parler du guide qui m’a permis de poser un point final à mon premier jet. J’étais bloquée depuis 7 ans sur ce roman, et la lecture de ce guide m’a permis de finir d’une traite, en un mois, pendant le Nanowrimo 2019. Mais après réflexion, qui peut en parler mieux que son autrice ? Je laisse donc la parole à Morgane Stankiewiez, autrice, artiste, éditrice chez Noir d’Absinthe, qui a eu carte blanche pour cette semaine sur le site et que je remercie profondément pour ce si bel article.

En général, lorsque je dois donner un conseil pour l’écriture – ou pour l’Art, quel qu’il soit – celui-ci est des plus contre-intuitifs, à l’inverse de ce que le ou la jeune artiste s’attend. Pourtant, le suivre est à mon sens la meilleure façon de se lancer dans cette grande aventure.

Faire simple.

Voilà, c’est tout. Ces deux mots m’ont permis de me débloquer à l’époque où je doutais énormément de pouvoir écrire un roman, où j’avais abandonné, même, croyant que cela resterait un phantasme impossible à réaliser.

J’étais en effet, dans mes jeunes années, amoureuse de Fantasy. J’adorais les univers riches et foisonnants que des esprits fous parviennent à créer. C’est hélas toute la force et la faiblesse du genre : j’avais l’impression à l’époque que si je voulais me lancer dans cette littérature, il fallait que j’écrive une histoire à la hauteur de ces sagas, que quelque part je fasse aussi bien voire mieux, sans quoi je n’avais rien à apporter au genre.

En conséquence, lorsque je m’y essayais, je partais toujours dans des grandes épopées que je souhaitais bouleversantes et qui témoigneraient de mon imaginaire débordant… épopées qui s’achevaient toujours après quelques dizaines de pages au mieux car je me rendais compte que ce que je mettais sur le papier était creux, déjà vu. Je voulais recopier des modèles que je connaissais déjà et, un genre censé libérer l’imaginaire, l’entravait.

Je pense qu’il y avait aussi une forme d’orgueil dans tout cela, je souhaitais faire quelque chose de parfait et de marquant et, ce faisant, passais à côté de toute la richesse de l’Art. Quand je contemple ma démarche d’alors, je suis même un peu gênée. Bien sûr que c’était voué à l’échec : non seulement mes modèles s’étaient donnés corps et âme dans leurs univers pendant des années, mais je n’avais rien de plus à ajouter dans ce registre précis. Ce n’est pas tant que je plagiais, je n’écrivais pas de fanfiction déguisée, juste que mon propos n’avait pas de sens et ne s’inscrivait pas dans une réelle démarche créative. Je me donnais des objectifs et me mettais la pression pour les réaliser… Alors que ces objectifs étaient irréalisables et, quand bien même, je n’étais pas prête à m’y donner autant qu’il l’aurait fallu.

J’ai parlé à de nombreux écrivains depuis et j’ai l’impression que c’est un écueil fréquent, un besoin de réaliser le Grand Œuvre, cette vision absolue et fantasmée, et de se lancer contre des moulins à vent, en bon Don Quichotte.

Un jour j’ai compris que tout cela, c’était de la merde (désolée Audrey, j’utilise un gros mot sur ton blog ! Vilaine Morgane, vilaine !). Je ne m’écoutais pas, j’essayais de rentrer dans des clous posés par d’autres et je ne m’intéressais pas vraiment à moi. J’ai alors décidé de terminer un roman, pour de vrai cette fois-ci, mais en trichant. Puisque j’avais du mal à créer un univers très complexe, j’en ai pris un que je connaissais déjà (le Paris du XIXème siècle). Puisque j’avais du mal à créer des personnages du tac au tac, j’en ai repris des anciens que j’avais développés dans du jeu de rôle et je les ai collés ensemble. Et pour l’intrigue, j’ai fait le plus basique possible et imaginable, quelque chose digne d’un dessin animé pour enfant (mais sans le ton pour enfants, hein…).

J’ai mélangé tous ces ingrédients et je me suis très vite retrouvée avec un roman pas si facile que cela. Dans ma démarche précédente, je partais sur du grandiose (commencer par l’or), et je me cassais la binette. Là, j’ai essayé de faire du petit (le plomb) et je me suis rendu compte que c’était déjà très exigeant. L’histoire se complexifiait d’elle-même à mesure que j’avançais, les personnages dépassaient les bornes que je leur avais imposées, le récit s’emballait et je faisais de mon mieux pour le contenir, ne pas perdre les rênes. Ce faisant, mon histoire simple est devenue correcte.

Pour prendre une nouvelle métaphore, c’est un peu comme si j’avais allumé un feu de camp et je faisais attention qu’il ne se répande pas en forêt, alors que précédemment, j’y allais joyeusement en mettant de l’essence partout et en regardant une création incontrôlable.

Attention, tout cela n’est pas une recette. Pour moi, il est plus simple d’utiliser un monde que je connais déjà et qui est réaliste. Pour d’autres, ce sera très difficile et un monde imaginaire leur posera moins de contraintes. Attention aussi, il ne s’agit pas de faire simpliste, c’est même l’inverse. Quand j’essayais de faire de la « grande fantasy », je lançais plein de personnages, de lieux, et je dispersais ma créativité, créant de fait des personnages moins profonds. En limitant à quelques-uns, j’ai pu les creuser davantage, et donc au final, mon histoire est beaucoup moins stéréotypée. Le rendu ne passe pas pour facile, et écrire ne devient pas facile pour autant. Mais ça devient faisable.

Faites simple. Avec humilité. Vous irez beaucoup plus loin en visant la colline que si vous visez la lune, car une fois la colline gravie, la montagne vous fera moins peur, et une fois la montagne franchie, qu’est-ce qui peut encore vous arrêter ?

Merci Morgane pour tes mots qui font toujours mouche ! Pour retrouver l’activité de Morgane c’est par ici :

http://mort-gane.fr

Et pour vous procurer cet incroyable guide c’est par là :

https://www.noirdabsinthe.com/product-page/comment-bien-raconter-des-histoires

A la semaine prochaine, pour un article sur la création de l’univers !

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